Depuis l’explosion de ChatGPT et de l’IA vers 2022, l’intelligence artificielle est devenue le nouveau thème à la mode des marchés financiers. Entre les entreprises qui proposent des solutions technologiques et celles qui vendent les moyens pour y arriver, tous veulent leur part de ce marché estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars dans les années à venir.
Chez les investisseurs, l’enthousiasme est tel qu’il suffit parfois qu’une entreprise évoque l’IA dans une présentation pour que son cours de Bourse s’envole. Mais derrière ce phénomène se pose une question de fond : assistons-nous à une transformation structurelle de l’économie, portée par une innovation aussi puissante que l’électricité ou Internet, ou à une exubérance irrationnelle, comparable à la bulle des années 2000 ?
Pour la petite histoire, j’ai tout d’abord tenté de générer cet article via l’IA pour m’amuser et voir ce que ça donnerait. Le résultat était intéressant, mais très creux. Disons que le sujet était traité, mais que la rédaction restait évasive. Au final, cela ressemblait à 80% des articles disponibles sur le web (très vrai dans le domaine de la finance) où les sujets sont survolés. C’est d’ailleurs à l’époque ce qui m’avait poussé à créer ce site, car je trouvais très frustrant de ne pas trouver d’informations détaillées répondant à des questions techniques parfois complexes.
l’IA est une disruption technologique sur les marchés boursiers
Bien que l’IA soit la cible des nombreuses promesses et perspectives de gains futurs (réels ou utopiques ?), les premiers gains financiers réels sont déjà présents.
En effet, plusieurs secteurs comme l’assurance (détection de fraude), la programmation (génération de code), l’engineering (prédictions de résultats de calculs ou d’essais, aide à la conception), la finance (algorithmes de trading), le commerce (suivi client et propositions personnalisées), le marketing (génération de publicités) etc… utilisent déjà l’IA dans leur business et en tirent dès maintenant des profits.
Il ne s’agit donc pas juste de demander à Chat GPT de générer du contenu gadget et peu productif.
Les possibilités d’utilisation sont nombreuses, presque infinies. Et plus la puissance de calcul des outils sera grande, plus les possibilités le seront également.
Sur le plan industriel, l’IA génère une demande massive dans de nombreux domaines comme les processeurs graphiques (GPU) de Nvidia, des data center de plus en plus nombreux, des solutions de cyber sécurité…
L’impact est donc important dans plusieurs sous secteurs de la technologie. Certains seront les gagnants, d’autres les perdants. Comme les Américains disaient pendant la ruée vers l’or, les vendeurs de pelles étaient parfois les plus riches…
Toujours est-il que l’impact financier dans les décennies à venir sera majeur et indéniable, même s’il est actuellement difficile à évaluer.
Des valorisations qui inquiètent : les signes d’une bulle spéculative ?
Pour rappel, il n’y a pas si longtemps (en 2020), tout le monde disait que le pétrole était fini et que l’énergie renouvelable était l’un des secteurs à plus forte croissance du siècle à venir. C’est potentiellement vrai, mais tout est question de timing. Pendant qu’une entreprise comme Total passait de 50€ à 25€ (même en générant des dizaines de milliards de cash), des boites qui ne génèrait pas le moindre centimes ont pris le chemin inverse. La bulle s’est ensuite dégonflée (les pétrolières sont retournées sur des plus hauts alors que les ENR ont encore des cours de bourses massacrées).
Tout ça pour dire que le timing, et les valorisations boursières sont très importants.
Si l’enthousiasme est légitime au vu du potentiel de l’intelligence artificielle, certains signaux laissent penser que le marché pourrait aller trop vite en besogne. La valorisation de certaines entreprises atteint des niveaux qui rappellent les excès de la bulle Internet au début des années 2000. Nvidia, par exemple, a franchi la barre symbolique des 3 000 milliards de dollars de capitalisation en 2025, dépassant Apple sur certaines séances. Pourtant, même si sa croissance est réelle, ses ratios financiers (PER supérieur à 70) montrent une anticipation très (trop) optimiste de ses résultats futurs. Or, le passé montre que de telles valorisations ne sont soutenables que si l’entreprise continue à battre les attentes trimestre après trimestre, ce qui devient mathématiquement de plus en plus difficile. À la moindre sortie de route, mauvaise publication, ça sera la douche froide.
Au-delà des poids lourds du secteur, c’est l’ensemble de l’écosystème qui semble parfois déconnecté des fondamentaux. De nombreuses small caps, souvent même pas rentables, voient leur valorisation s’envoler uniquement grâce à une exposition indirecte à l’IA. Certaines sociétés de cybersécurité ou de traitement de données affirment avoir “intégré l’IA dans leur offre”, ce qui suffit à faire grimper leur action en quelques séance.
Pour donner un exemple personnel, ma société d’hébergement de site web m’a récemment appelé pour me proposer un produit. Grâce à la magie de l’IA, un robot pourrait parcourir mon site, me l’optimiser tout seul, et le placer dans le top 5 de Google, et tout ça pour quelques euros par mois ! En regardant un peu plus de détail sur le produit, ce n’était rien d’exceptionnel, une simple aide au SEO déjà existant partout, avec des tests complètement bidons pour nous pousser à l’achat (j’ai poussé le vice en mettant des URL de sites internet très connus à grosse fréquentation, et le robot me disait que les sites étaient très mal optimisé et référencés…).
Tout cela pour dire que la méfiance doit être importante, il faut savoir analyser avec un esprit critique, et qu’une perspective de croissance ne signifie pas qu’il faut acheter n’importe quoi à n’importe quel prix. Les potentiels de baisse peuvent être très fort quand on achète en période d’exubérance.
Investir dans l’IA en bourse : comment faire
Plusieurs méthodes existent permettant d’investir dans l’IA. Nous allons les voir ci-dessous.
Premièrement, via le stock picking en sélectionnant vous même les entreprises. Le risque est ici élevé car potentiellement sur 10 entreprises dans une thématique aussi jeune, 1 excellera, 2 auront une performance correcte mais équivalente au marché global, et 7 iront dans le mur. On peut ici cibler des entreprises allant dans plusieurs secteurs, de la fabrication de puces, à la mise en place d’outils comme chat gpt, à la création de data center… les choix sont nombreux, mais on peut facilement se tromper.
Une autre stratégie consiste à investir via des ETF thématiques spécialisés sur l’IA ou la robotique. Ces produits offrent une diversification (par construction), en répliquant des indices composés de dizaines d’entreprises liées à l’intelligence artificielle.
Attention cependant : ces ETF sont souvent concentrés sur les mêmes valeurs stars (Nvidia, Microsoft, AMD) et peuvent donc présenter une volatilité ou un risque élevé.
Quelques exemples d’ETF
iShares Automation & Robotics UCITS ETF (RBOT)
Xtrackers Artificial Intelligence & Big Data UCITS
Une dernière possibilité (celle que je choisirais à titre personnel) est de rester simple en ciblant un indice global et large sur le secteur de la tech, comme le Nasdaq-100. Même s’il n’est pas affiché comme IA, il en contient les principales valeurs, et bien d’autres. On évite ici les effets de modes, tout en restant le plus diversifié possible sur le secteur de la technologie. Cela a aussi l’avantage d’être simple, et surtout de pouvoir s’acheter via un simple ETF sur PEA (comme PUST).
Pour conclure, il faut dans tous les cas garder une perspective temporelle adaptée. Investir dans l’IA ne doit pas se faire avec l’idée d’un retour rapide sur quelques mois. Comme toute innovation, l’IA mettra plusieurs années à se diffuser pleinement dans l’économie et à générer des gains de productivité concrets.
Date Publication : 26/05/2025
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