Il existe de nombreux secteurs en bourse sur lesquels il est possible d’investir. Néanmoins, tous ces secteurs ne se comportent pas de la même façon selon l’avancement du cycle économique.
En effet, certains sont très cycliques, alors que d’autres sont plus résilients. Il est d’ailleurs possible d’investir en ETF uniquement sur certains secteurs avec les ETF sectoriels.
Nous allons lister dans cet article les différents secteurs économiques, puis décrire leur sensibilité respective au cycle et les meilleurs moments pour les sur ou sous pondérer.
Les secteurs défensifs en bourse
La liste qui va suivre énumère les différents secteurs boursiers que l’on peut considérer comme défensifs.
Cela signifie généralement que leur croissance est lente, mais très peu dépendante de l’état d’avancement du cycle économique.
D’une manière générale, le cours boursier de ces entreprises (tout comme les bénéfices) est en constante augmentation mais la hausse est plutôt lente.
En cycle fortement haussier, elles monteront moins vite que les indices boursiers. Néanmoins, en fin de cycle ou en pleine récession, la chute de ces actions est beaucoup plus atténuée. Ce sont donc des entreprises de choix et très recherchées en période d’incertitude économique (comme actuellement).
Voici les secteurs défensifs :
Les biens de consommation courante
Les biens de consommation courante sont d’une manière générale tout ce que nous consommons dans la vie de tous les jours.
On peut citer :
– l’alimentation -> exemple : Danone
– les boissons (alcoolisées ou non) -> exemple : Pernod Ricard / Coca-Cola
– les produits d’entretiens ménagers (lessive, dégraissant, lingettes nettoyantes…) -> exemple : Procter & Gamble
– les produits d’hygiène corporelle (déodorant, dentifrice, shampoing, rasoir…) -> exemple : Colgate
– le tabac -> exemple : Altria
L’avantage de ce secteur est la croissance très défensive due au fait que tout le monde a besoin de ces produits tous les jours. Les relais de croissance sont très simples : réajustement des prix avec l’inflation, hausse de la population mondiale.
Le secteur de la Santé
La santé peut également se décomposer en sous-secteurs. Certains sont néanmoins beaucoup plus risqués que d’autres :
– l’Industrie pharmaceutique est le sous-secteur qui est probablement le plus stable. Il produit des médicaments pour le plus grand nombre, dont certains peuvent être considérés également comme de la consommation de base (aspirine, maux de ventre…). Cette industrie profite également de la hausse de la population mondiale pour se développer. C’est néanmoins un secteur très concurrentiel et gourmand en investissement pour trouver de nouvelles molécules. De plus, les brevets ne sont valables qu’un certain nombre d’années avant l’arrivée des génériques. -> exemple : Sanofi, Pfizer…
– Biotechnologies : ce secteur de la santé est le plus risqué. En effet, il consiste a chercher un remède à des maladies rares où complexes en ne partant quasiment de rien. Ces entreprises ont généralement besoin de beaucoup de capital pour avancer dans les étapes cliniques, sans aucune certitude de résultat. Si cela fonctionne, leur cours de bourse peut décoller comme une fusée. Sinon, l’entreprise peut faire faillite. -> exemple : DBV Technologies
– Matériel médical : ce secteur est intéressant car il peut être à mi-chemin entre la santé et la technologie. En effet, les entreprises peuvent fabriquer du matériel médical de base (scalpels, compresses…) mais également du matériel technique (scanners, robots de chirurgie…). On y retrouve également du matériel comme les lunettes, les dispositifs auditifs… -> exemple : Becton Dickinson, Essilor…
Globalement, le secteur de la santé profite constamment des avancées de la technologie et du vieillissement de la population pour croitre.
Les secteurs à sensibilité moyenne aux cycles en bourse
Nous allons lister ici des secteurs qui peuvent être impactés par le cycle économique, mais qui peuvent y résister convenablement. Cependant, ces secteurs peuvent être sensibles à d’autres facteurs, notamment l’évolution des taux d’intérêts.
Les Utilities ou les services aux collectivités
Ces entreprises passent généralement des contrats réglementés avec l’Etat ou avec des collectivités locales. Cela implique généralement des accords contractuels sur de longues durées, avec un monopole tant que la période est active. De cette manière, le cash-flow est très prévisible. Comme les contrats sont sur de longues périodes, cela limite fortement la cyclicité. Les utilities ont besoin de faire de très lourds investissements (systèmes d’acheminement de l’électricité par exemple), que ces entreprises financent par de la dette. Ainsi, ces entreprises performent lorsque les taux sont bas (faibles coûts des emprunts). Elles sont en difficulté quand les taux sont hauts.
Les utilities regroupent :
– Gestion de l’eau (acheminement et traitement de l’eau) -> exemple : Veolia
– Gestion de l’électricité (fabrication et distribution de l’électricité par le nucléaire, le renouvelable…) -> exemple : Iberdrola
– Gestion des déchets (destruction ou recyclage) -> exemple : Waste Managment
Le secteur des Telecoms
Tout comme les utilities, le secteur des telecoms passent des contrats sur de longues durées. Cependant, les investissements dans les infrastructures sont élevés (satellites, antennes, liaisons filaires…) et ces entreprises font également appel à beaucoup de dettes. Elles sont donc sensibles aux taux d’intérêts.
Les différentes catégories de télécoms sont :
– Réseaux téléphoniques (3g-4g-5g) -> ex : Nokia
– Réseaux internet (communication wifi, filaire, fibre…) -> ex : Orange
– Télévision (satellite, streaming..) -> ex : Comcast
Le secteur Immobilier
Le secteur immobilier est probablement le plus vaste car il est décomposé en de nombreuses catégories très distinctes.
Le principe de fonctionnement est cependant toujours le même : s’endetter à un taux faible et louer les surfaces à un taux plus élevé. Ici encore, la dépendance aux taux d’intérêts est très élevée (probablement la plus forte parmi les utilities et les telecoms car c’est le cœur même du business immobilier). En effet, l’écart de taux est directement proportionnel au résultat financier.
En plus de cela, le cycle économique peut jouer un rôle sur les différents sous-secteurs :
– Immobilier de bureaux : cela consiste à louer un local à une entreprise pour le transformer en espace de travail. Ce n’est pas très cyclique. -> exemple : Covivio
– Centres commerciaux : il faut ici louer des espaces aux différentes enseignes souhaitant vendre dans le centre commercial. C’est cyclique car la fréquentation des centres commerciaux dépend du pouvoir d’achat des gens. -> exemple : Simon Property
– Santé : location d’emplacement pour les maisons de retraites et les hôpitaux. C’est le secteur immobilier le plus résiliant car lié à la santé. -> exemple : Welltower
– Stockage : location d’une zone de stockage pour des objets, des matières premières, des ressources… c’est assez cyclique comme les durées de location sont généralement courtes. -> exemple : Public Storage
– Centres de données : hébergement de calculateurs ou de zone de stockage mémoire pour la gestion des données informatiques. C’est peu cyclique car cela contient des données confidentielles d’entreprises. C’est également en forte croissance avec l’arrivée de la digitalisation. -> exemple : Digital Realty
– Immobilier de loisir : cela va de la gestion de parcs d’attraction à des domaines de ski, des terrains de golf… C’est cyclique car les dépenses de loisir des gens dépendent de leur pouvoir d’achat. -> exemple : EPR Properties
– Immobilier résidentiel : location de maisons, d’immeubles destinés à de l’habitation. C’est moyennement cyclique. -> exemple : Essex Property
Les secteurs cycliques en bourse
Nous allons pour finir lister les secteurs fortement cycliques. Ces secteurs sont généralement intéressants à détenir en début et en cours de cycle, mais à éviter lorsque les choses se détériorent car leurs profits peuvent brusquement chuter, tout comme leur cours de bourse.
Le secteur industriel
Le secteur industriel se décompose en 3 branches :
– la manufacture industrielle : c’est le secteur le plus cyclique de l’industrie. Il repose sur la fabrication d’un bien physique correspondant à un carnet de commande. En cas de coup dur économique, les commandes peuvent être annulées. On parle ici par exemple de moteurs, de pièces électroniques… -> exemple : Airbus
– Chimie-matériaux : l’industrie chimique et des matériaux est difficile à caractériser puisque cela dépend des produits sous-jacents. Par exemple, la fabrication de substances pour la construction et l’habitation est cyclique. Mais la chimie pour des compléments alimentaire ne l’est pas. -> exemple : Arkema, Saint-Gobain.
– L’industrie des services : c’est la partie la moins cyclique de l’industrie puisqu’il n’y a pas besoin d’investissement en capital. En effet, les transactions reposent sur des services et non des biens à fabriquer. Cela comprend les services de restauration, de nettoyage, et également les services de management et d’aide à la décision. -> exemple : Sodexo, RELX.
Les biens de consommation cyclique
Comme le nom de ce secteur l’indique, il regroupe toutes les dépenses non vitales que quelqu’un fait lorsqu’il veut se faire plaisir et qu’il a des excédents financiers :
– Vêtements-Luxe -> exemple : Nike, LVMH
– Restauration -> exemple : McDonald’s
– Automobile -> exemple : Renault
– Hôtellerie -> exemple : Accor
Le secteur technologique
Le secteur technologique est probablement le secteur capable de la plus forte croissance lors de son expansion. Malheureusement, la technologie évolue très vite et il est facile de se faire sortir du marché si l’on n’a pas un coup d’avance sur ses concurrents.
Ce secteur se décompose en 3 parties :
– Logiciels -> exemple : Microsoft
Les logiciels sont généralement peu dépendants des cycles économiques puisqu’une fois sélectionnés, ils sont généralement utilisés de manière récurrente avec des mises à jour.
– Services informatiques aux entreprises (consulting, sous traitance, digitalisation…) -> exemple : Accenture
Pas trop cyclique non plus car si une entreprise est leader, reconnue et qu’elle a déjà prouvé de bons résultats, elle a toutes les chances de conserver les contrats futurs.
– Objets technologiques (objets électroniques avec une technologie innovante, semi-conducteurs…) -> exemple : Apple, Texas Instruments
C’est la partie la plus cyclique de la technologie puisque cela repose sur l’évolution des matériaux, des connaissances. Il faut également être en capacité de se renouveler constamment. Cela dépend également du pouvoir d’achat des gens.
L’Energie
L’énergie est un secteur relativement cyclique puisqu’il dépend fortement du prix des matières premières comme le pétrole, le gaz…
Lorsque les cours de ces matières premières sont élevés, les entreprises énergétiques peuvent le revendre à bon prix. Mais lorsque le cours est faible, c’est compliqué d’être rentable.
De plus, ce secteur dépend également de beaucoup de contraintes environnementales liées aux énergies propres.
Les différents sous-secteurs sont :
– Pétrole -> exemple : Total
– Gaz -> exemple : Enagas
– Transports (notamment dans des Pipelines). Cette partie liée au transport n’est pas très cyclique et s’apparente aux utilities car il s’agit de contrat long terme entre le pétrolier et le transporteur. -> exemple : Enterprise Product Partner
Le secteur financier
Ce secteur est probablement le plus cyclique de tous. Il se décompose en 3 catégories :
– Banques et assurances : les banques et assurances sont très liées au cycle économique puisqu’elles gèrent des flux importants d’argent venant de l’extérieur. En cas de récession, de krach, de manque de confiance, tous ces flux sont chamboulés ce qui a de lourdes conséquences sur ces entreprises. De plus, elles sont très sensibles aux taux d’intérêts puisque la majeure partie de leur argent doit être placée. Si les taux sont négatifs, elles perdent de l’argent. -> exemple : BNP, Axa
– Les Services financiers : ce sous-secteur est à mi-chemin entre la finance et la technologie ce qui le rend intéressant. On y trouve par exemple les services de paiement, le conseil financier, la gestion des marchés boursiers… -> exemple : Visa, Standard&Poors, Euronext
– Les Fonds d’investissements : ce sous-secteur de la finance dépend tout simplement de la qualité du gérant (qualité des choix d’investissement et des stratégies amenant des clients). Il dépend aussi de l’état des marchés boursiers (en cas de krach les entreprises font généralement moins de bénéfices donc les fonds au capital également). De plus, les investisseurs peuvent prendre peur et retirer leur argent. -> exemple : Berkshire Hathaway
Conclusion :
Je sais que cet article est très long (j’en suis désolé), mais j’ai essayé d’être le plus complet possible quant à la description de tous les secteurs économiques et de leur sensibilité aux cycles.
Pour résumer cela, rien de mieux qu’un tableau récapitulatif :
Un « + » signifie un bon comportement, un « – » un mauvais.
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Bonjour matt
Alors premièrement non, cet article n est pas trop long…il est au contraire très clair et concis !
Une mine d information comme toujours bravo et surtout continues!
ps : tu aurais pu mettre un exemple de repartions suivant le profil et l age de l investisseur.
Amitiés
seb
Salut Seb,
Je le trouve assez dense et pas fun à lire mais bon c’est parfois nécessaire 😉
En effet il pourrait être intéressant de mettre une répartition type en fonction de l’age ou du degré de risque, mais le tableau final résume tout de même assez bien cela je trouve.
Bonne journée.
Matthieu.
Bonjour Matthieu,
J’ai le plaisir de vous lire depuis un petit moment maintenant, et vous remercie pour tous ces contenus intéressants permettant de mieux appréhender la bourse. Un grand merci et bravo !!
Article par ailleurs de nouveau intéressant et pertinent !!
Bonne journée,
Marc
Bonsoir Marc,
C’est moi qui vous remercie pour tous ces compliments car c’est le meilleur cadeau que je puisse recevoir !
A très bientôt j’espère.
Matthieu.
Bonjour,
J’ai découvert votre blog suite à votre présentation sur le forum des investisseurs heureux.
Article très intéressant mais il me semble que vous avez omis le secteur des matériaux (BHP, Rio Tinto, mines,…par exemple). Secteur cyclique bien sûr.
Le marché était précédemment divisé en 10 secteurs auxquels on a ajouté récemment l’immobilier (qui faisait partie du secteur financier).
Bonjour Alain,
J’ai évoqué le secteur des matériaux, mais je le considère comme une branche du secteur industriel (tout comme la chimie). Je suis d’accord avec vous sur le fait que théoriquement, c’est un secteur indépendant (et cyclique bien sûr).
A bientôt.
Matthieu.
bonjour
non cet article n’est pas trop long. Si on veut etre efficace il en faut un minimum.
merci beaucoup et bravo pour ces informations.
Plus j’y réfléchis (je sais, j’ai mis six mois 😉 ), plus que trouve que nous avons là un excellent « overview » pour qui veut commencer à faire du « stock picking ».
J’ai cru lire à plusieurs reprises dans vos réponses aux commentaires ailleurs sur le blog que passé un certain âge, il valait mieux mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard. Est-ce à dire que cela vaut encore la peine de prendre des risques à 50 ans passés (= surpondérer les secteurs cycliques) ? Ou est-ce que c’était avant le Covid ?
Merci encore pour tout ce travail pédagogique et cette mine d’idées et d’avertissements en creux, en tout cas.
Bonjour Cigale repentie,
Prendre des risques signifie investir dans des classes d’actifs risqués comme la bourse par exemple, pas nécessairement sur des secteurs cycliques ou risqués. Il faut essayer au contraire de miser sur des secteurs pas trop cycliques et en croissance. La santé et les technologies sont mes secteurs préférés.
L’article est super, très clair, cependant , pouvez vous m’expliquer comment reconnait t-on où nous nous situons dans le cycle?
Bonsoir,
Il n’y a pas de réponse miracle et c’est justement toute la difficulté de savoir où nous en sommes 🙂
Généralement on regarde la croissance annuelle du PiB et quand elle ralentit plusieurs trimestres/années de suite on considere qu’on est en haut de cycle.
Bonjour,
Un grand merci pour vos articles qui continuent à servir même des années plus tard.
Une question sur des actions type Euro Ressources ou toute autre action qui extrait des matières premières (bois / métaux / etc.) vous les classeriez où du coup ? (J’aurai tendance à dire Industrie puisque elles sont aussi dépendante de ces derniers).
D’avance merci pour votre retour !
Bonjour,
En réalité il existe le secteur des matériaux (chimie, transformation de matières premières…) mais dans l’article je l’ai fait fusionner avec l’industrie en effet car c’est assez proche (c’est une forme d’industrie particulière).