Il est parfois complexe de comprendre pourquoi les actions montent ou descendent. À court terme, je pense que personne ne peut deviner comment le marché va évoluer. Cependant, à long terme, le marché est bien plus prévisible.
Nous allons voir dans cet article comment les actions à dividendes croissants évoluent dans le temps et comment estimer leur prix futur.
Valoriser des actions à dividendes croissants
Il est très complexe d’analyser une action qui ne paye pas de dividende. En effet, comme il n’y a pas de retour réel à l’actionnaire (tout doit se faire dans l’évolution du prix de l’action), la valorisation prend un aspect totalement subjectif.
En effet, certaines actions de croissance se justifient avec un PER de 20, d’autres à 25, certaines à 50…
Comment savoir le PER réel que mon action de croissance doit avoir ? C’est impossible.
Ce type d’entreprise prend le prix que le marché veut bien lui donner. En cas de méfiance du marché, il est tout à fait possible que les prix baissent même si les profits augmentent. En effet, qui verra l’effet d’un passage d’un PER de 45 à un PER de 37.
Même si la croissance est faible, qui verra la différence d’un passage d’une PER de 17 à 14. Si l’entreprise ne verse pas de dividende, ça vous fait de belles jambes de savoir que le marché valorisait à une époque votre action à X, et maintenant que ça vaut Y (avec Y inférieur à X).
On a bien vu où se raisonnement absurde pouvait mener lors de la bulle d’internet des années 2000 où le marché valorisait certaines actions à des PER dépassant les 100 !
Dans le cas des actions à dividendes croissants, c’est généralement bien plus simple que cela.
Lorsqu’une entreprise verse un dividende croissant chaque année à ses actionnaires, elle veut généralement garder toujours le même rendement d’entrée pour rester attractive. Donc si le dividende augmente de 5%, le prix va augmenter de 5% de manière à toujours garder le même rendement d’entrée.
La valorisation s’explique donc simplement de cette manière :
Performance = évolution des bénéfices + dividende
Généralement, les entreprises souhaitent conserver leur payout-ratio constant, c’est à dire la part que les dividendes représentent par rapport à leurs profits.
Si les profits augmentent par exemple de 7%, le dividende a des chances d’augmenter de 7%.
En reprenant la formule plus haut :
Performance = évolution des bénéfices + dividende
Si une entreprise a une croissance de 6% de son BNPA (bénéfice net par action), et verse un dividende de 3% de rendement, le retour à l’actionnaire sera probablement de :
6% d’évolution du prix + 3% de dividende = 9%
Dans le cas d’une action ne versant pas de dividende, le gain serait probablement de l’évolution des bénéfices donc 6%.
On comprend ici l’intérêt d’investir dans des actions de qualité à dividendes croissants. En effet, les retours sont supérieurs aux actions ne versant pas de dividendes à long terme.
Ce résultat se retrouve dans de nombreuses études. Voici par exemple le découpage de la performance des actions américaines selon leurs catégories :
Source : Hartfordfunds
On voit bien que les résultats n’ont rien à voir selon la catégorie, et que plus la politique de distribution de l’entreprise est de qualité, meilleures sont les performances à long terme.
Les entreprises à dividendes croissants sont appelées les Dividend Aristocrats et ont réussi à faire croitre leurs profits et leurs dividendes chaque année depuis plus de 25 ans.
Pourquoi le prix des Dividend Aristocrats monte
Il faut bien comprendre que si jamais le prix n’évoluait pas, le rendement augmenterait. Cela rendrait mécaniquement l’action plus attractive.
Comme je l’ai expliqué plus haut :
« lorsqu’une entreprise verse un dividende croissant chaque année à ses actionnaires, elle veut généralement garder toujours le même rendement d’entrée pour rester attractive. Donc si le dividende augmente de 5%, le prix va augmenter de 5% de manière à toujours garder le même rendement d’entrée. »
Prenons l’exemple de Procter & Gamble qui verse un dividende croissant depuis 63 ans. Si le prix n’avait pas évolué avec la hausse des dividendes, le rendement d’entrée serait de plus de 10% !
En effet, prenons un historique de 20 ans de dividende :
Nous sommes en 2000, et l’action Procter & Gamble vaut approximativement 30$.
Le dividende par action était à cette époque de 0,68$. Cela représente un rendement du dividende de 0,68/30= 2,3%.
Aujourd’hui, le dividende est de 3$ par action. L’action vaut 120$. Le rendement actuel est donc de 3/120= 2,5%. Comme par hasard ! On retombe quasiment sur le même rendement qu’en 2000 !
Si jamais le prix n’avait pas évolué (fixe à 30$), le rendement à l’achat aujourd’hui serait de 3/30=10%.
Pensez-vous réellement que l’une des plus belles entreprises du monde pourrait proposer un rendement à l’entrée de 10% ?
Bien sûr que non ! C’est tout juste impossible !
C’est donc la raison pour laquelle le prix est « quasiment obligé » de coller aux fondamentaux de ces entreprises. Elles sont donc par nature moins volatiles, prédictives, et très performantes à long terme.
Voici par exemple ce que pourrait devenir le dividende et le prix de l’action dans les 20 prochaines années. Nous allons prendre l’hypothèse d’une croissance annuelle moyenne de 5.5% par an du dividende (cela représente la croissance moyenne de cette entreprise à long terme).
Le prix de l’action pourrait donc valoir dans 20 ans 350$. Le dividende par action serait de 8.69$. Le rendement sur votre prix d’achat serait donc de 8.69/120= 7.2%. Et cela, sans même prendre en compte le réinvestissement des dividendes !
La performance boursière obtenue serait pour une mise de 10 000$ :
- 29 200 $ à la fin donc une plus-value de 19 200$
- 9 383$ de dividendes perçus
Donc un gain total de 28 583$, et une valeur de portefeuille finale de 38 583$ soit presque 4 fois la mise! Et encore une fois, c’est sans prendre en compte le réinvestissement des dividendes ! Pas mal non pour une entreprise « ennuyeuse de bon père de famille » ?
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Une fois de plus, un article très intéressant!!! merci
Merci Seb
Bonjour,
Je découvre votre site/blog qui est très interessant.
Y-a-t-il une possibilité de s’abonner aux nouveaux articles que vous publiez, comme cela est possible sur de nombreux blogs de finances personnelles ou d’indépendance financière ?
Merci de partager toutes vos précieuses informations !
Didier.
Bonjour Didier,
Je vous remercie pour votre message.
Pour le moment le site n’a pas encore d’abonnement à une newsletter, mais cela arrivera peut-être dans le futur.
La fréquence d’écriture est globalement d’un à deux articles par semaine.
Cordialement,
Matthieu.
bonjour, j’ai la même optique que vous de miser sur des entreprises à dividendes croissants. Cela peut faire la différence dans 10 -20 ans.
Ce qui pourrait être intéressant c’est d’avoir un tableau avec la moyenne des croissances de dividende pour chaque aristocrates sur les 3 – 5 dernières années. Cela permettrait d’estimer le rendement de cette action dans 5, 10, 20 ans et on se rendrait compte que certaines actions partent avec un rendement bas mais peuvent ensuite dépasser des actions à rendement plus élevé au départ.
Bonjour gandolfi,
Bienvenue et merci pour votre commentaire.
J’ai dans des fichiers excel les historiques de dividendes de nombreuses actions (sur 20 ans), et ai donc accès à la croissance moyenne à 5 ans, 10 ans, 20 ans. Je le prends en compte pour mes investissements mais vous avez raison je ne l’ai pas affiché en plus de l’historique des Dividend Aristocrats Français par exemple. C’est une bonne idée !
La prise en compte du rendement initial du dividende et de sa croissance a en effet un impact important, j’ai d’ailleurs écrit un article sur cela si vous êtes intéressé : http://etre-riche-et-independant.com/dividende-croissant-dividende-eleve
A bientôt.
Matthieu.
Avant tout merci pour les articles car c’est une mine d’informations.
Je suis en phase de capitalisation, comme je suis bien bien exposé dans l’immobilier, je vais diversifier en investissant progressivement dans la bourse.
Je reflechis donc a une stratégie plutot lazy.
En prenant des infos à gauche et à droite, j’ai cru comprendre qu’en phase de capitalisation il valait mieux commencer par des actions de croissances (ou des etf assez globaux type world, sp500,…), offrant un perspective de bénéfices plus importante, sachant que le risque est lissé par la durée de l’investissement.
Et qu’au dessus d’un certain montant, on conseillait plutôt de basculer sur un optique de dividendes croissants afin de pérenniser l’investissement notamment en cas de crise.
qu’en pensez vous?
Bonjour Raph,
Merci pour votre message !
Ma réponse risque de vous décevoir, mais il n’y a pas de « meilleure stratégie » en terme d’investissement. La meilleure stratégie sera probablement celle que vous pourrez tenir sur la durée et qui vous semblera psychologiquement facile à suivre en toutes circonstances.
L’approche boursière que vous envisagez dépend totalement de vos objectifs personnels ainsi que de vos connaissances en finance. Pour les connaissances, cela peut s’acquérir avec le temps, ce n’est pas un réel problème.
Pour les objectifs, c’est assez complexe. Souhaitez vous investir un capital pendant x années, le faire fructifier, puis revendre en plus value pour financer quelque chose d’autre ? Souhaitez vous investir à long terme, ne pas revendre vos positions et toucher une rente chaque mois pouvant à terme remplacer vos sources de revenus traditionnels ?
L’investissement dans les dividendes est souvent considéré comme quelque chose de sous-optimal, sous-performant le marché, bon uniquement pour les rentiers…
C’est un raisonnement absolument faux car les gens confondent la plupart du temps entreprises à dividende (sous entendu élevés) et dividendes croissants. Les Dividend Aristocrats sont connus pour battre le marché à long terme. Vous pouvez par exemple trouver un comparatif des performances avec le marché dans cet article : http://etre-riche-et-independant.com/dividend-aristocrats-dividendes-croissants-bourse
Si l’horizon de placement est très long terme, il est totalement possible de choisir des Dividend Aristocrats à forte croissance et faible rendement. Les rendements initiaux seront très faibles, mais colossaux dans plusieurs décennies. Prenons l’exemple d’entreprises comme Microsoft, Starbucks, Visa, McDonald’s, Disney, Nike… Tout le monde connait ces entreprises, je vous laisse regarder leur performance boursière qui dépasse de très loin le S&P500 !
Néanmoins, il faut s’y connaitre un minimum pour investir en actions individuelles. Pour certains, les ETF sont plus optimaux (d’un point de vue fiscal notamment). Il est également totalement possible de revendre chaque année des parts d’ETF pour toucher une rente. Cela me gênerait à titre personnel en cas de marché baissier de vendre mes positions au plus bas pour en vivre. Cela signifie aussi devoir miser sur ses plus-values pour ne pas grignoter son capital. Le stress doit être colossal…
Pour résumer : En phase de consommation (commençons par la plus évidente) il vaut mieux compter sur les dividendes croissants pour vivre que sur les plus-values (cela ne veut absolument pas dire que les entreprises à dividendes croissants ne généreront pas de plus-values !). En phase de capitalisation, cela dépend principalement de votre âge. Vous pouvez investir en ETF si vous avez peur de sous-performer le marché, vous pouvez également commencer à investir en dividend aristocrats (ce que j’ai choisi de faire) pour démarrer la boule de neige des dividendes. Cela prendra des années et des années pour recevoir un montant proche d’un salaire, mais au moins l’objectif est quantifiable et on le voit avancer dans le temps. Une autre solution pouvant être également d’investir uniquement dans des actions de croissance (types GAFAM) en espérant des gains plus élevés que le marché.
Matthieu.
Bonjour matthieu, tu dis à juste titre qu’il faut s’y connaître un minimum pour investir en actions directes, pour qq comme moi par exemple qui a 44 ans, est ce que ça serait une bonne optique de prendre des ETF capitalisants (le maximum sur le PEA) pour le remplir et avant la barre des 150 000€ en phase d’être franchie, le revendre et en reprendre un distribuant pour profiter des dividentes réguliers comme tes actions vives ? arrivé à la retraite par exemple mais dans ce cas je vais devoir m’acquiter des 17% de taxe sur une éventuelle grosse plus-value pour une simple vente/achat d’un autre ? encore pire sur CTO.. ce qui ne serait pas rentable.
En gros je me demande sur quoi partir ( mon pea venant d’être transféré) sur du capitalisant ou distribuant.. ou encore à mon age je ne dois pas encore me poser ce genre de question et tout réinvestir ? ou comment passer du capitalisant au distribuant à partir d’un certain age ? il est dommage que l’on ne puisse pas changer en gardant l’etf.
Comment fais tu toi, tes actions à dividendes tu les réinvestis toi même ou ça se fait automatiquement ? ou tu peux changer de choix en » cours de route «
Bonjour Stéphane,
Il faudra payer tot ou tard les impôts. Mais sur PEA, même si vous revendez vos ETF vous ne payerez pas d’impôts tant que vous ne sortez pas d’argent. L’arbitrage ne vous fera donc rien perdre. Mieux encore, en invesissant sur des ETF performants commr un World vous ferez beaucoup mieux qu’avec un mauvais stock picking. Je le dis souvent, il vaut mieux payer des impôts sur un gain de 100% que pas d’impôts sur un gain de 20%.
Donc dans votre cas, ETF puis revente en actions à dividendes. Mais à votre place je casserais à ce moment le PeA pour prendre uniquement des actions à dividendes Us. Bien plus fiables, performantes et solides qu’en France.
Bonjour Matthieu,
Je comprends bien que s’il n’y a pas de besoin de consommation (ce qui est mon cas), il est preferable d’investir dans des actions avec un potentiel de plus value.
Pouvez vous me donner des ordres de grandeurs de gains entre :
Investissement Dividend Aristocrats vs Investissement ETF World ?
Par exemple avec 10 000 euros investis il y a 10 ans.
L’objectif est de comprendre le potentiel de gains supplementaire avec l’ETF vs le risque associé.
Les Dividend Aristocrats me paraissent plus « sûr » avec de bons fondamentaux, une potentielle plus value (faible certes) et des Dividendes réguliers (= ce qui est pris n’est plus à prendre). Alors que les ETF sont plus volatiles et sont plus susceptible de chuter d’un coup lors d’une crise.
Merci pour votre réponse & avis sur le raisonnement ci-dessus.
Dominique
Bonjour Dominique,
Je grossis volontairement le trait mais si vous comparez la performance du S&P500 sur 10 ans, qui suit globalement la même performance que les aristocrats US (+195%), et celle du Nasdaq100 qui se focalise sur des actions de croissance (+465%), l’écart est énorme.
Évidemment je carricature en donnant ces deux indices mais cela résume bien les choses.
Si vous prenez que des aristocrats Français, vous allez sous performer l’indice World de 2-3% par an en moyenne je dirais.
Les ETF ne sont pas nécessairement plus volatiles puisqu’ils contiennent plusieurs centaines ou milliers d’entreprises.
Bonjour Matthieu,
Merci pour votre reponse. Lorsque vous dites sous performer de 2-3%, c’est dividendes inclus j’imagine. Donc si on a un rendement de 5% avec un ETF, le rendement avec Dividend Aristo est de 4,9% (98% x 5).
Donc 100e / an d’ecart pour un capital de 100k.
=> ma comprehension est-elle juste ? L’ecart me parait quand meme faible pour moins de visibilité sur les rentrées régulières d’argent.
Merci !
Dominique
Non pas du tout, je voulais dire que la performance des ETF classique est de 8% par an, donc celles des aristocrats Français sera de 5-6% par an, soit largement en dessous.