Que faire quand la bourse baisse

La bourse passe la majeure partie de son temps à monter, mais occasionnellement, lors d’évènements spécifiques, baisse rapidement.

Là où il faut bien être préparé, c’est que la bourse monte en escalier et relativement lentement, mais concernant la descente, on saute souvent directement par la fenêtre ! Les mouvements baissiers sont historiquement très rapides. On peut perdre en quelques jours ou semaines ce que l’on met des mois ou années à gagner.

Si vous n’êtes pas préparés à cela ou n’avez pas de plan précis à appliquer, vous risquez de commettre de graves erreurs pouvant coûter cher.

On peut très vite lire partout « krach  boursier », « très forte baisse », « il faut tout vendre » et les mouvements de panique qui s’en suivent.

Je donnerai mon avis ici sur la bonne démarche à appliquer dans ce type de mouvement baissier.

 

Définir clairement un plan d’investissement

 

Premièrement, le plus important est de définir une routine, c’est à dire une liste d’actions à mettre en place selon la situation.

Cette routine NE DOIT PAS s’établir pendant la baisse des marchés, mais à tête reposée, donc en amont, idéalement lorsque les marchés se portent correctement (ce qui arrive environ 70-80% du temps).

 

La première chose à faire est de définir son allocation cible. C’est à dire le pourcentage de son capital à allouer au risque (aux actions) et à la sécurité (livrets, fonds en euros, fonds monétaires etc…). Cela peut sembler simple, mais beaucoup s’imaginent qu’ils tolèrent facilement le risque mais paniquent pourtant à la moindre baisse. Tant qu’on ne l’a pas vécu, il est difficile de mesurer son degré d’aversion au risque. Si nécessaire, ne pas hésiter à baisser son exposition au risque si vous constatez que vous y avez été trop fort (mais pas pendant une baisse, toujours lors d’un marché nominal).

Une fois cette allocation définie, elle ne doit plus bouger. Si par exemple votre profil de risque et votre situation vous permettent d’être à 60% actions, 40% cash rémunéré, cette allocation doit être constamment respectée et suivie, dans les périodes de hausse et de baisse.

 

Il est conseillé de faire un équilibrage annuel lorsque l’allocation réelle s’éloigne de la cible. Typiquement, la majorité du temps la bourse monte, donc la partie risquée augmente en proportion vs la partie sécurisée. Il faut donc soit vendre des actions pour remplacer par du cash, soit allouer ses futurs apports vers du cash.

À l’inverse, quand la bourse baisse (sujet de l’article), l’allocation risquée passe sous sa cible, il faut donc transformer son cash et acheter des actions !

 

Lors des marchés baissiers, il faut bien se dire qu’on achète globalement la même chose mais pour moins cher. C’est le même principe que pour les soldes, bien qu’il soit plus difficile ici de se le représenter concrètement. Dans les faits, les gens sont souvent paralysés par la peur.

 

Au pire ils vendent (alors qu’il faut acheter !), au mieux ils conservent et attendent. Mais rares sont ceux qui achètent. C’est pourtant ce qu’il faut faire.

 

Je rappelle que les performances futures sont intrinsèquement liées à la valorisation des marchés lorsqu’on achète. Donc plus on achète cher, moins les performances futures sont statistiquement élevées, et plus on achète bas, meilleurs devraient être les rendements !

Toutes les raisons sont donc bonnes pour acheter ! Nous allons donc maintenant voir comment.

 

 

 

Définir un plan d’investissement spécifique à la baisse des marchés

 

Nous venons de voir qu’il va falloir acheter des actions lorsque les marchés baissent. Cependant, il existe différentes façons de le faire pour profiter de l’opportunité.

 

Déjà, n’écoutez surtout pas la presse financière qui cherche uniquement à vendre et à faire peur. C’est son fonds de commerce. Les marchés montent d’environ 10% par an depuis plus d’un siècle, nous avons pourtant déjà connus presque toutes les situations. Oui mais… on entend alors le « cette fois c’est différent ». En général, c’est lorsque qu’il n’y a plus d’arguments valables.

 

Pour profiter d’une baisse, il existe plusieurs stratégies. Je vais ici donner des exemples (à ne pas prendre cela comme un conseil financier à appliquer aveuglément).

 

 

1) Y aller par pallier

 

Il est impossible de timer le point haut et le point bas des marchés. C’est prouvé, historique, tous ceux qui essayent, même les investisseurs les plus brillants du monde, se cassent les dents dessus. À partir de ce constat, il vaut mieux renforcer à la baisse de manière régulière et progressive. Vous n’aurez pas le point bas parfait, mais aurez fait des achats à bon prix, parfois près du point bas, parfois un peu au-dessus. Mais peu importe, vous serez très content plusieurs années après d’avoir renforcé vos positions, croyez-moi.

 

 

2) Définir précisément quand et combien renforcer

 

Il est primordial de se définir un plan d’achat clair et chiffré. Comme il est impossible de timer le point bas, il faut savoir exactement quand et combien mettre.

Personnellement, je conseille d’y aller par tranche selon un pourcentage de baisse bien défini. En ordre de grandeur, des drawdown (écart entre un point haut et un point bas) de 10% arrivent tous les ans, des baisses de 20% arrivent occasionnellement (tous les 2-3 ans), des baisses de 30% sont rares (environ tous les 5 ans), des baisses de 40% et plus très rares (tous les 10 ans).

Ce ne sont que des ordres de grandeur, mais pas très éloignés de la réalité.

À partir de constat, un exemple de plan d’achat pourrait être le suivant :

 

  • Baisse > 10% : mettre 25% de son allocation disponible
  • Baisse > 20% : mettre 50% de son allocation
  • Baisse > 30% : mettre 75% de son allocation
  • Baisse > 40% : mettre 100% de son allocation

 

C’est une bonne manière de rentrer dans un marché baissier. Cela permet également de mettre des billes, même si les marchés ne descendent pas au-delà d’un certain seuil. Il serait dommage d’attendre par exemple un -30% pour commencer, et que le marché ne fasse que -28% puis remonte, sans que vous n’agissiez.

 

Au-delà de -40%, cela devient très rare, donc ce n’est à mon sens pas grave de ne pas dépasser ce seuil (après libre à chacun d’adapter, un plus bas à -50% ou plus selon vos objectifs). Mais dans ce cas cela ne se déclenchera quasiment jamais.

 

 

3) Que faire si vous n’avez plus de cash disponible

 

On se pose souvent cette question : comment renforcer si je n’ai plus assez de cash (ou sur les enveloppes sans trop de choix comme le PEA).

Une solution existe, mais est plus risquée et à ne pas appliquer par les débutants ou investisseurs avec une aversion au risque plus élevée.

 

Il s’agit d’utiliser du levier. J’en parle notamment dans cet article concernant l’investissement sur marge, ou cet article avec les ETF à levier.

Cela permet de débloquer du cash que vous n’avez pas, tout en profitant d’une opportunité court terme sur les marchés avec un point d’entrée attrayant (qui je le rappelle, maximisera les gains futurs).

 

L’investissement sur marge permet d’hypothéquer une partie de votre portefeuille et d’emprunter un montant d’argent (en proportion de la valeur du portefeuille). On ne paye que des intérêts mensuels, et le capital se rembourse lorsqu’on le souhaite. Le risque est l’appel de marge (expliqué dans l’article). Des courtiers comme Degiro et IB permettent cela.

 

L’utilisation d’ETF à levier est plus simple, à condition de bien comprendre son fonctionnement (levier quotidien, beta slippage…). N’hésitez pas à consulter l’article pour mieux comprendre. Ici, il s’agit donc lors d’une baisse de transformer une partie de ses ETF classiques en ETF à levier, ce qui revient à ajouter de l’argent sans avoir concrètement à le faire. Par exemple, vous avez 100 000€ d’ETF. Vous voulez rajouter 20 000€ selon votre plan d’investissement en marché baissier. Et bien vous vendez 20 000€ de votre ETF classique, et achetez à la place 20 000€ d’ETF à levier. Vous avez toujours 100 000€, donc fait aucun apport, mais avez une exposition action équivalente à 120 000€.

 

Le levier étant dangereux (accélération des hausses mais aussi des baisses), il est vraiment nécessaire de l’utiliser avec réflexion et mesure, dans une proportion maitrisée qui ne risque pas de vous faire commettre des erreurs.

 

Si vous paniquez déjà lorsque les indices perdent 10 ou 20% (alors que c’est fréquent), je vous déconseille clairement toute utilisation du levier.

 

 

 

Date Publication : 10/04/2025

 

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jean-p
jean-p
il y a 13 jours

Bonjour Matthieu,

Merci pour cet article intéressant.

L’état d’esprit est aussi très important, il faut pouvoir rationaliser (avec un plan comme tu le dis), et se détacher complètement des fluctuations du marché (ce qui arrive, je trouve, avec le temps).

Cette baisse m’a permis de faire de beaux renforts sur mes lignes (MSCI World bien sûr, mais aussi Alphabet, Amazon, Meta et Air Liquide pour avoir les 100) et un arbitrage d’opportunité sur une ligne qui ne me convenait plus.

Qu’as-tu renforcé de ton côté ?

F.C
F.C
il y a 6 jours

Bonjour Matthieu,
Incroyable cet article 🙂
Simple et pratique.

Greg
Greg
il y a 4 jours

Bonjour Matthieu,

En cette période d’incertitude, investir dans un ETF sur l’OR à hauteur de 20% es ce une bonne option pour diversifié un portefeuille?
Ou une réserve en obligations à hauteur 20% et 80% actions?

Christophe
Christophe
il y a 4 jours
Répondre à  Matthieu

Ça dépend les choses sont peut être en train de changer en profondeur. Le gros souci est quand même cette chute du dollar qui anéanti toutes nos super allocations . Il y a aussi des etf or Hedge qui ne dependent pas du dollar une nouvelle fois.

Nasdaq
Nasdaq
il y a 4 jours
Répondre à  Christophe

Bonjour Christophe,

A mon avis, la chute de dollar est très modérée pour l’instant si on revoit le taux de change euro usd depuis 5 ans

Plus bas sur 5 ans : 0,9662 USD (26 septembre 2022), avec un autre point bas notable à 1,0257 USD (10 janvier 2025).

Plus haut sur 5 ans : ~1,20 USD (décembre 2020), avec un pic récent à 1,1398 USD (16 avril 2025).

La combinaison d’un euro fort (rendant les actions US moins chères en euros) et d’une baisse des indices (réduisant les valorisations des actions) crée une fenêtre favorable pour investir dans des entreprises américaines, surtout si vous anticipez une reprise des marchés.

Alaric
Alaric
il y a 1 jour

Bonjour,
Il semble que l’administration Trump soit bien décidée à faire baisser le dollar durablement, certainement pour améliorer leur balance commerciale. Ils se disent peut-être que de toutes façons le processus était déjà enclenché avec certaines zones (Asie par ex.) qui commencent à échanger dans leurs monnaies locales. Y compris pour l’achat d’énergie.
Si l’on souscrit à cette hypothèse, il vaudrait mieux privilégier l’investissement en ETF World (70% dollar sauf erreur) plutôt qu’en S&P500 (100%) à partir de maintenant. Quel est votre avis ?